Construire collectivement
à mayotte
Une phonothèque
des méthodes et savoir-faire
À Mayotte aujourd’hui, des projets de lieux dédiés aux pratiques culturelles et des chantiers de construction se développent autour de valeurs communes. Programmation ouverte, co-construction, réutilisation de l’existant, implication des usagers dans la conception, utilisation et valorisation de matériaux et savoir-faire locaux, interventions progressives sont autant d’outils qui permettent de mettre en avant de nouvelles manières de construire le territoire.
Cette phonothèque réunit des podcasts qui interrogent ces pratiques, racontent ces démarches, et mettent en avant les savoir-faire et les enjeux mahorais liés à la construction et l’architecture. Chaque épisode est un récit sonore d’une ou plusieurs de ces expérimentations mahoraises, dans lesquel des femmes et des hommes, maçons, architectes, artistes ou fonctionnaires, racontent ces méthodes qui font leurs preuves sur le terrain.
Les épisodes
Les maisons ateliers de Loutfy
Likoli Dago
Les maisons-ateliers de Loutfy
Entre art et architecture, une expérimentation de Loutfy appuyée par Julien Beller architecte
Avec l’architecte Julien Beller, nous sommes allés rencontrer Loutfy chez lui, derrière la station Total de Chironguy. Loutfy est un artiste pluridisciplinaire, à la fois musicien, plasticien, artisan, dessinateur, écrivain poète. Il a lui-même inventé un alphabet pour la langue Mahoraise.
Loutfy a conçu, dans son jardin-atelier, des sculptures maquettes de petites maisons d’un mètre environ, en bambou et en raphia, des matériaux traditionnellement utilisés à Mayotte pour la construction de maisons.
Likoli Dago, l’école du village, de la ville, de la maison
Julien Beller, architecte et co-fondateur de Likoli Dago
Cette école qui rapproche l’enseignement de la pratique, la recherche et l’action, développe des activités dans les domaines de la formation, de la diffusion et de la construction. L’association est engagée sur différents projets, comme la réhabilitation de l’ancien tribunal de Mamoudzou pour en faire un tiers-lieu, un travail avec des artisans sur la filière bambou à Mayotte, ou encore un projet mené avec la DAC et l’artiste Loutfy sur le prototype d’une maison atelier dans le jardin de celui-ci.
Julien Beller, architecte et co-président de Likoli Dago nous parle de cette association, des projets qu’elle porte, ainsi que des enjeux liés à une construction valorisant les savoir-faire et ressources naturelles locales.
L’école, les danseurs et l’imprévu
Marie Sawiat Ali Saïd, présidente de la compagnie Kazyadance, et la fabrique du Royaume des fleurs à Dzaoudzi
Dans cet épisode, bienvenue au Royaume des Fleurs sur Petite Terre, sur le boulevard des Crabes, juste à la sortie de la barge, dans la commune de Dzaoudzi.
Un ancien petit bout d’école maternelle et sa cour sont le théâtre du Royaume des Fleurs, un lieu culturel où la compagnie Kazyadance accueille des jeunes pour des cours de danse et ateliers variés, des résidences de création, des spectacles, mais pas seulement…
Le Royaume des fleurs
© Le Royaume des Fleurs
Atelier BTC à la permanence de Longoni
Atelier Ya’Hazi
Une permanence architecturale pour un lycée particulier
Camille Abdourazak, architecte permanente de l’atelier Ya’hazi, pour co-architectes du lycée des métiers du bâtiment de Longoni, en partenariat avec Encore Heureux
Le futur lycée des métiers du bâtiment de Longoni ne sera pas comme les autres, son chantier non plus. Conçu par Encore Heureux et Co-architectes, il s’appuie sur une permanence architecturale, avec deux architectes présentes en permanence sur le site. Elles ont balisé à l’aide d’œuvres d’art le futur périmètre du site, construit dès à présent un premier bâtiment, le faré, à l’emplacement de l’entrée du futur lycée.
Dans ce faré les deux permanentes elles, avec l’association Art-Terre, informent, enseignent, et animent des ateliers avec les habitant.e.s, les lycéen.ne.s, et les enfants.
Ibrahim Ahamada et le faré de Longoni
Fanny Taillandier
Le faré, le maçon, la brique et le lycée
Ibrahim Ahamada, constructeur du faré du lycée des métiers du bâtiment de Longoni
Le faré de Longoni, c’est la première pierre du futur lycée des métiers du bâtiment. C’est un peu comme un appartement témoin, nous dit Ibrahim Ahamada, de la société STAC, une jeune société mahoraise de maçonnerie qui travaille la BTC, brique en terre comprimée, et qui a construit le faré au côté du collectif Dallas. Appartement témoin, parce que c’est le premier bâtiment, mais aussi parce que c’est la vitrine d’une démarche de construction expérimentale et ambitieuse : réemploi d’une charpente, fabrication de briques de terre comprimée et montage des murs en BTC avec les professeur.e.s et les lycéen.ne.s, chantier ouvert avec les habitant.e.s.
Le rectorat et la leçon de Longoni
Fahd Mestour, responsable de la construction scolaire au rectorat de Mayotte
Dans cet épisode, Fahd Mestour, responsable de la construction scolaire au Rectorat de Mayotte, raconte comment une institution sous forte pression parvient à composer avec l’expérimentation. In fine l’expérimentation transforme même l’institution, qui à son tour devient prescriptrice des méthodes de permanence architecturale et de l’utilisation des matériaux locaux et bio-sourcés. C’est sûrement ça, faire jurisprudence.
Vues du futur lycée de Longoni
Fanny Taillandier
Presse pour les briques de terre, association
Art.terre Mayotte
Des cases SIM à l’ATEx, une histoire de la brique en terre comprimée
Vincent Liétar, architecte et membre de l’association Art.Terre Mayotte
Vincent Liétar est architecte et artisan. Il rejoint au début des années 1980 la SIM, la Société Immobilière de Mayotte, avec laquelle il lancera les programmes des célèbres cases SIM, les premiers programmes de logement social mahorais. En construisant des milliers de logements à bas coût, la SIM construit dans les années 1980 un programme public social d’habitat adapté à Mayotte, très différent du logement locatif social tel qu’on l’entend en métropole.
Atelier de Babali au faré de Longoni
Atelier Ya’Hazi
Le menuisier, le bambou et la baie de Chiconi
Conversation avec Ali Taybou ali, dit Babali, charpentier- menuisier à Chiconi et membre de l’association Bam! Bambou à Mayotte
Depuis son atelier de Chiconi, Babali, menuisier, nous parle du rôle de l’association BAM! Bambou à Mayotte.
Cette association récemment créée a pour but de réunir des savoirs et savoir-faire autour du bambou de Mayotte : elle fait un diagnostic des bambouseraies existantes sur l’île, documente leur entretien, leurs qualités et les techniques constructives qui lui sont associées.
Le fonctionnaire, le maçon et le chercheur
Interview du Fundi Fayadhuiddine Maanli, dit Faya, maçon, formateur, et vice- président de l’association Art.Terre Mayotte
Fayadhuiddine Maanli, dit Faya, est maçon, formateur, et vice président de l’association Art.Terre Mayotte, l’association engagée dans la promotion de la brique de terre comprimée de Mayotte.
Avant d’être maçon et formateur, Faya a d’abord été fonctionnaire et directeur de l’équipe de football de Chiconi. En 1980 il quitte son poste de brigadier et entraîne des jeunes de Chiconi à Mamoudzou, qu’il accompagne pour se former aux métiers du bâtiment auprès des Compagnons du devoir…
Portrait de Faya dans la forêt
Fanny Taillandier
Chantier en autoconstruction à Doujani
Agence Harappa
Attila Cheyssial
Partie 1 : l’architecte et l’ethnologue, observer et étudier.
Partie 2 : l’architecte et les artisans : former et construire.
Partie 3 : l’architecte et les normes à déconstruire : expérimenter et renormer.
Depuis son arrivée à Mayotte à la fin des années 1970 et ses travaux d’étude de l’habitat et des constructions mahoraises avec l’anthropologue Jon Breslar, jusqu’à la fondation de l’agence Harappa avec Sylvia Frey et leurs recherches sur la construction de logements à bas coût à Mayotte, cet épisode est une conversation avec Attila Cheyssial qui raconte et analyse son expérience d’observateur, de formateur et de constructeur à Mayotte.
Évènement culturel devant la MJC de Chiconi
La Preuve par 7
Chiconi, capitale de la culture ?
Construire des lieux pour la culture avec la mairie de Chiconi, avec Warda Halifa, cheffe de projet politique de la ville et développement des territoires.
Chiconi est une commune de 8000 habitant.e.s d’une richesse culturelle et artistique hors-normes : musicien.ne.s, artisans, associations culturelles et festivals y sont nombreux, mais les lieux aménagés et dédiés à ces pratiques se font plus rares. La Mairie de Chiconi, déterminée à ne pas être simple spectatrice de ce bouillonnement artistique, cherche à accompagner ces artistes et artisans, ces usages et ces pratiques culturelles, et notamment à leur procurer, construire et aménager des lieux dédiés, en dehors de la cellule familiale.
Reprendre le chemin de la MJC
L’étude des usages de la MJC de Chiconi par Albadawy mattoir, ancien permanent territorial à Chiconi pour la Preuve par 7
Faire de la programmation ouverte, c’est commencer par observer les usages avant de construire la commande, et avant de construire tout court.
C’est le chemin que décide de prendre la Ville de Chiconi qui souhaite concevoir des lieux culturels dans la commune, et qui fait appel à la Preuve par 7 pour accompagner la création de la commande selon cette logique de programmation ouverte.
Albadawy Mattoir devant la MJC de Chiconi
Angèle de Lamberterie
Spectacle devant la MJC de Chiconi
La Preuve par 7
Transmettre les patrimoines musicaux mahorais
Del Zid, musicien, professeur et fondateur du festival Milatsika
À Mayotte, les lieux et les moments de transmission des patrimoines, notamment culturels, ont souvent été informels : ils se sont traditionnellement tenus dans la cellule familiale et dans les gestes et les moments du quotidien, par exemple pendant la récolte du riz, sans être considérés comme un véritable apprentissage. Avec l’évolution des modes de vie à Mayotte, comment continuer à transmettre ces patrimoines ?
Del Zid, musicien, professeur et directeur de l’association Milatsika Emergence, fait partie de ceux qui créent des ponts entre ces patrimoines hérités et les jeunes générations
Spectacle Haroussi / Hip Hop Évolution
© Eight-studio
Un lieu de vie pour le développement de la danse
Sophie Huvet, directrice de l’association Hip-Hop Evolution
À Iloni, dans la commune de Dembéni, l’association Hip-Hop Évolution s’est donné le défi de transformer une ancienne résidence de tourisme située sur une parcelle de 4 500 m2 au bord de la plage, pour qu’elle devienne un Centre de développement artistique et éducatif labellisé Centre de Développement Chorégraphique National. Il s’agit d’offrir aux danseurs et danseuses mahorais.es des conditions professionnelles de travail qui n’existent pas encore à Mayotte et d’être un carrefour pour les danseurs et danseuses des différentes communes de Mayotte et du réseau animé par l’association dans le Canal du Mozambique.
Projet réalisé grâce au soutien de
Partenaires
Projet réalisé par Angèle de Lamberterie pour la Preuve par 7, avec l’aide de Paul Citron, Stéphane Dujardin, Catherine Fortin, Olivier Grieco, Camille Hiolin, Albadawy Mattoir, Laura Petibon, Alexandra Ruzzica et Fanny Taillandier.
Merci à Loutfy, Julien Beller, Marie Sawiat Ali Saïd, Camille Abdourazak, Lola Paprocki, Nicola Delon, Ibrahim Ahamada, Fahd Mestour, Vincent Liétar, Ali Toybou Ali (Babali), Fayadhuiddine Maanli, Attila Cheyssial, Sylvia Frey, Warda Halifa, Albadawy Mattoir, Del Zid, Sophie Huvet et Florence Gendrier
Musique :
Zily, Tsika
Loutfy, composition originale
Del Zid, Sarotro tiagna holombelo